La low cost Norwegian traverse l’Atlantique

Depuis une vingtaine d’années, le marché du transport aérien était divisé en deux univers: les vols courts et moyens courriers qui voyaient les compagnies low cost se tailler des parts de marché toujours plus importantes, et les longs courriers où les compagnies traditionnelles (européennes et américaines, rejointes par des compagnies du Golfe depuis une décennie) conservaient leur pré carré. Cette répartition des rôles pourrait changer avec les nouveaux vols ouverts cette semaine par Norwegian. Depuis mercredi, les avions blancs à tête rouge relient Londres à Los Angeles avec un prix plancher de 199£ (304 francs). Jeudi, c’était au tour de Londres-New York pour 179£ (273 francs). Et vendredi, premier embarquement pour la Floride et Fort Lauderdale, toujours depuis Londres-Gatwick. Et toujours pour 179£ (273 francs). En face, les prix plancher des compagnies traditionnelles se retrouvent deux à trois fois plus élevés. Pour arriver à ce niveau de prix, Norwegian a utilisé les armes habituelles des compagnies low cost: enregistrement des bagages en soute, paiement par carte bancaire, assurances annulation, repas et boissons à bord, tout est payant en supplément pour les passagers. Des économies sont aussi réalisées grâce à des appareils neufs, des Boeing 787-8 de 291 places, qui consomment 15 à 20% de carburant de moins que des appareils de même capacité de la génération précédente. Mais c’est au niveau des coûts de personnel que les efforts les plus importants ont été réalisés. Ryanair avait déjà eu des démêlées avec la justice française en faisant travailler sur le sol français des personnels avec un contrat irlandais, et donc un volume de charges moins élevé. Norwegian a repris cette stratégie mais va plus loin encore: grâce à une licence irlandaise, la compagnie basée en Norvège peut employer sous contrat irlandais des personnels qui lui reviennent bien moins cher, dont des pilotes et copilotes. Pour les équipages en cabine, Norwegian va plus loin avec des hôtesses et stewards thaïlandais sous contrat singapourien, avec une rémunération de base (hors primes et intéressement aux ventes réalisées auprès des passagers à bord) qui se limite à 500$ mensuels. Certains crieront au dumping social, d’autres à l’inventivité au profit des passagers qui paieront leur billet moins cher. Les protestations sont d’ailleurs déjà venues de la part des syndicats de personnels aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis. Des actions auprès des autorités ont été intentées pour empêcher que Norwegian puisse bénéficier de droits de trafic sur le plus rentable des axes transatlantiques (Royaume-Uni/Etats-Unis). Sans succès, les avocats de Norwegian ayant argué du fait que l’accord de ciel ouvert entre l’Union européenne et les Etats-Unis leur donnait toute latitude pour opérer ces liaisons. La BALPA (association des pilotes de ligne britanniques), déboutée, a, de ce fait dénoncé dans un communiqué un «pavillon de complaisance».