La Venise du Périgord depuis les airs

Il y a quelques mois, je me suis rendu dans la région périgourdine pour y effectuer, avec un couple d’amis, un vol en montgolfière (un étrange et fabuleux cadeau qui leur avait été offert par leur famille). A cette occasion, j’ai découvert une fascinante petite ville, aussi bien depuis les airs que depuis la terre : Brantôme. Brantôme semble bien nichée dans un virage, dans une boucle serrée du cours de la Dronne. Pour être plus précis encore, disons que ce n’est pas en bord de rivière que furent bâties ces maisons, mais au coeur même de ce cours d’eau. Brantôme est en grande partie installée sur une île, entourée de part et d’autre par les eaux de la Dronne qui forment deux bras enserrant tendrement le village et protégeant vaillamment ses habitants. Mais attention, cet îlot n’était ni imprenable ni inaccessible. Plusieurs pont le reliaient et le relient encore à la terre ferme, aux rivages et notamment à la célèbre abbaye. Car au premier rang des trésors qu’offre cette Venise du Périgord figure son ancienne abbaye, fondée par Charlemagne lui-même ! En l’an 769, celui qui n’était pas encore empereur d’Occident choisit d’y déposer là les reliques d’un enfant martyr, saint Sicaire.
Ce premier et lointain édifice a été littéralement saccagé lors des invasions normandes. Cette fois-là, la rivière n’avait pas joué son rôle de défense et s’était même retournée contre ses habitants. En effet, les Vikings utilisaient les cours d’eau comme moyen de communication, et arrivèrent sans encombre devant l’abbaye. Après leur passage meurtrier et destructeur, les campagnes de reconstruction se sont multipliées. Il faut voir aujourd’hui le célèbre clocher de l’église abbatiale construit au XIe siècle sur un rocher, mais aussi le cloître datant du XVIe siècle, ainsi que les vestiges du premier monastère aménagé dans le pied de la falaise, avec notamment le bas-relief représentant le Massacre des Innocents, datant du XIIIe siècle. Dans les anciens bâtiments réservés aux moines, le musée Fernand-Desmoulin présente l’oeuvre de cet illustre graveur du XIXe siècle.
Si je semble aussi bien connaître la ville, ce n’est pas tant pour l’avoir arpentée (quelques heures à peine tout au plus) que pour m’être longuement renseigné sur sa richesse et son histoire. En effet, après l’avoir visitée, j’ai éprouvé pendant quelques semaines l’envie… d’y emménager ! Je crois que cette ville représente une sorte de paradis préservé pour toute personne habitant dans une grande ville : il est impossible d’arpenter ses rues paisibles, de visiter son église en partie troglodyte, de longer ses jolis canaux, sans que la pensée ne vous traverse de vous y installer, de changer du tout au tout de vie. Voilà une ville dangereuse à visiter pour tout citadin…
Si les vols en montgolfière vous tentent davantage, je suis désolé de devoir vous apprendre que c’est impossible, ou qu’il vous faudra devoir faire preuve de patience pour prendre votre envol : la saison des montgolfières n’a lieu que d’avril à octobre. A découvrir sur ce site qui vous propose ce baptême en montgolfière.