Poussée technologique

Petit retour en arrière sur les raisons qui m’ont fait avancer et devenir pilote. Mon arrière grand père, lui-même pilote de chasse en Angleterre pendant la seconde guerre et qui me rappelait sans cesse que les guerres ont toujours eu pour effet une poussée technologique, et notamment au niveau de l’aviation. Ce qu’il disait en essence était que le retour à la paix marqua le début d’une nouvelle phase dans le développement de l’aviation. Le conflit avait mis en branle un mécanisme de production et d’organisation qui semblait ne pas pouvoir s’arrêter. Mais la paralysie se fit sentir brutalement. En quelques mois, les armées furent démobilisées, les armes furent reléguées dans les dépôts et les magasins, les terrains d’aviation devinrent d’immenses enclos silencieux, les industries ralentirent soudain leur production au point de presque l’arrêter. Il était temps, après plus de quatre années de guerre, de reconvertir les économies déséquilibrées et de consacrer toutes les énergies à la reconstruction. L’avion n’échappa pas à ce processus ; tout au contraire. Le conflit avait rendu possible des progrès dans le domaine de la technique aéronautique qui, encore en 1914, pouvaient être considérés comme des rêves irréalisables. L’avion était mûr. Il changea de visage et fut mis au service de la paix. Les vingt années qui suivirent, furent caractérisées par deux tendances fondamentales : la lenteur généralisée du développement des aviations militaires jusqu’au début des années 30 ; l’avènement et la prépondérance de l’aviation civile et commerciale. Dans un renversement significatif, c’est cette dernière qui devint l’élément stimulant de l’évolution aéronautique : la découverte et l’utilisation de l’avion comme moyen de transport et les lois implacables de la concurrence donnèrent aux industries une impulsion comparable à celle qu’avait connue la production militaire. Aujourd’hui, nous avons oublié tout cela car la recherche technologique n’a de cesse, et elle concerne autant l’aviation civile que militaire. C’est bien, mais mon arrière grand père ne reconnaitrait plus son monde, et encore moins les avions.