Témoignage: peur en avion

J’ai longtemps hésité avant de rédiger cet article. Personne n’aime avouer ses peurs, surtout quand elles sont irrationnelles et qu’on en a conscience. Mais je pense qu’il pourrait s’avérer utile à ceux qui sont atteints par la même phobie. J’ai donc décidé de l’écrire, bien qu’il m’en coûte un peu. Il y a encore quelques années, je voyageais en avion sans le moindre problème. Pas au point de m’endormir avant même le décollage, mais tout de même pas bien longtemps après. Bref, tout allait bien dans le meilleur des mondes, en ce temps-là. Mais, peut-être à force d’entendre parler d’accidents aériens, ou peut-être à cause de quelques vols mouvementés, j’ai commencé à avoir peur de prendre l’avion. Et ce qui n’était au début qu’une vague appréhension s’est mis à prendre des proportions ridicules : je faisais tout pour ne plus avoir à prendre l’avion, même si les autres moyens de transport étaient deux à trois fois plus longs ! Bref, j’étais mal parti. Il y a deux mois, ma merveilleuse famille m’a cependant offert un stage pour combattre ma phobie de l’avion. Mon stage s’est passé en plein coeur de Paris par un beau dimanche. Nous étions 5 participants, avec une majorité de femmes. Si je croyais être phobique, j’ai vite découvert que, comparé à certains, j’étais un chevalier du ciel : une participante avait peur à tel point qu’elle avait rejoué la scène de Destination Finale (sans le crash, bien entendu)… La psychologue a commencé par nous rassurer, et nous a appris que nous étions loin d’être les seuls dans ce cas : 10 % de la population partage cette peur ! La première partie de ce stage a donc consisté à rééduquer notre façon de penser. En discutant, nous avons reconnu des expériences communes : pleurer à chaque turbulence, massacrer les accoudoirs de son siège lors du décollage, être engourdi par le froid, etc. C’était assez drôle d’entendre ses propres peurs dans la bouche d’autres personnes, de pouvoir les partager entre personnes aptes à comprendre. Puis la psychologue nous a montré comment nous détendre en utilisant la respiration abdominale, et appuyée sa démonstration par un logiciel de cohérence cardiaque. L’après-midi, nous avons commencé la partie technique : parfaire nos connaissances sur le fonctionnement des avions (ou tout simplement découvrir son fonctionnement, pour la plupart d’entre nous). Un pilote de ligne professionnel nous a donc parlé de sécurité en aéronautique, et nous a invités à poser toutes les questions qui nous venaient en tête. Et elles étaient nombreuses : que se passe-t-il si un oiseau tombe dans le réacteur ? Est-il possible qu’une vitre se brise et que le passager soit aspiré hors de l’appareil ? Et si le pilote fait une intoxication alimentaire, que se passe-t-il ? Au bout de deux heures de discussions, nous sommes enfin arrivés au bout de nos questions (je loue au passage la patience du pilote, qui a accueilli toute nos questions avec un grand calme). Nous avons alors pu passer à la troisième partie, la plus récréative : nous avons piloté un Boeing 737, dans la parfaite réplique d’un cockpit d’avion de ligne. Un autre pilote nous a aidés à en prendre les commandes et nous a appris à piloter malgré des dysfonctionnements. L’objectif était de nous montrer que quel que soit le cas de figure, les nombreuses procédures de sécurité rendent les accidents très improbables. Le stage s’est terminé par un débriefing où chaque participant a pu partager son ressenti. Depuis ce jour, j’ai pu reprendre l’avion avec plus de sérénité. Je n’irai pas jusqu’à dire que je ne ressens pas de l’angoisse au moment de l’embarquement, mais je sais désormais comment la gérer. Et au pire, je sais maintenant où aller, si elle se remet à prendre trop de place ! Si vous souffrez de la même phobie, allez sur le site Peur de Prendre l’avion qui vous donnera pleins d’infos.