La compagnie aérienne Delta Air Lines va annuler des commandes portant sur quarante Boeing 737-900ER neufs et vingt Embraer 190 de seconde main, suite au rejet par ses pilotes d’un nouveau contrat de trois ans. Alors que la compagnie américaine affichait le 15 juillet 2015 une hausse de 85% de son bénéfice net au deuxième trimestre, le CEO Richard Anderson a annoncé l’annulation de ces deux commandes de monocouloirs, d’une valeur globale d’environ 4 milliards de dollars au prix catalogue. Les pilotes de Delta Air Lines avaient voté vendredi dernier à 65% contre 35% pour rejeter le nouveau contrat de trois ans qui leur était proposé, principalement en raison d’une participation aux résultats jugée trop faible ; ils devaient aussi accepter de voler sur E190 à partir de la fin 2016, mais avec des grilles de salaire insuffisantes selon les syndicats. La proposition contenait pourtant une hausse immédiate de salaire de +8%, et une augmentation des frais professionnels journaliers. La compagnie de l’alliance SkyTeam prévoyait d’utiliser les nouveaux 737-900ER pour remplacer ceux qui partiront à la retraite d’ici 2019 (Boeing détient aussi les Embraer), mais avait conditionné la commande à la signature des pilotes. On notera que plusieurs analystes financiers ont prévenu les compagnies américaines que toute hausse de capacité entrainerait une baisse de leurs profits ; Delta a prévu de les augmenter de 3% au troisième trimestre, avant une stagnation à la fin de l’année. Delta Air Lines a dévoilé hier un revenu avant impôt de 1,485 milliards de dollars au deuxième trimestre 2015, en hausse de +85,4% par rapport à la même période l’année dernière. Ces résultats « ont permis à la compagnie d’investir dans ses employés via des hausses de salaire et de participation », a déclaré le CEO, mais aussi « d’améliorer l’expérience client via de nouveaux avions et des partenariats innovants avec des compagnies globales, tout en accélérant le versement de dividendes aux actionnaires et en réduisant la dette ». Le chiffre d’affaires n’a progressé que de +0,8% à 10,707 milliards de dollars, mais la baisse du prix du pétrole a entrainé une réduction significative de la facture carburant (-463 millions de dollars, soit -39%) – un facteur qui ne durera pas, les plans de Delta « présumant de prix du pétrole à la hausse » dans le futur. La recette unitaire (PRASM) a reculé de -4,6%, dont 2,1 points attribuables à la baisse du rendement sur les liaisons intérieures, et le reste à des surcharges en recul et à l’évolution des taux de change. Selon le président de Delta Ed Bastian, « la baisse du rendement (-3,9%) est cependant limitée à quelques secteurs », les seuls aéroports de Dallas, Orlando et Chicago étant rendus responsables de la moitié de cette baisse. Elle devrait d’ailleurs se poursuivre au troisième trimestre, en raison cette fois de l’impact de la crise sur les vols internationaux, avant de remonter au dernier trimestre.