La première fois que j’ai vu la photo d’un B-2 alors que j’étais enfant, j’ai cru tout d’abord qu’il s’agissait d’un vaisseau spatial. Et bien que mon père m’ait convaincu du contraire, je me souviendrai toujours du choc que j’ai approuvé à la vue de cet avion de chasse si particulier. Avion futuriste s’il en est, cette « aile volante » m’a toujours fasciné, et je ne me suis jamais lassé de lire des articles sur son sujet. Le B-2 découle en fait directement d’un des plus vieux projets existant de l’armée américaine, développé dès la fin des années 30 par Jack Northrop, le fondateur de l’entreprise aéronautique bien connue. En 1940, le Northrop N-1M vit ainsi le jour et effectua son premier vol le 3 juillet. Ce concept novateur intéressa tout de suite l’armée qui voulait disposer d’un avion capable d’aller frapper l’Europe et le Japon en décollant depuis les USA. En 1941, Northrop releva le défi et proposa le N-9M, un avion monoplace capable de voler à 400km/h. Il servit de « maquette volante » à l’échelle 1/3 du XB-35 aux dimensions plus conséquentes : 52 mètres d’envergure, et motorisé par 4 turbopropulseurs entraînant 8 hélices contrarotatives. L’US Air Force signa alors un contrat pour 13 appareils de pré-série. Devant résoudre des problèmes de stabilité, le premier appareil ne fit son premier vol qu’en juin 1946 durant 45 minutes. Entre temps des avions à réaction avaient été engagés dans le conflit mondial (Mersserschmitt Me262, Arado Ar234, Gloster Meteor…) et l’aéronautique militaire devait donc se tourner impérativement vers ce type de propulsion pour les appareils de l’avenir. Les 2 prototypes ayant volé furent alors mis au rebut et passés « à la ferraille » tandis que les 11 autres se virent équipés de turboréacteurs et renommés XB-49. Le premier vol eut lieu en 1947, et bien que l’appareil soit nettement supérieur au modèle à hélice, des problèmes de comportement furent toujours décelés. Le nouvellement créé Strategic Air Command devant faire un choix quant aux bombardiers stratégiques portant l’arme nucléaire, ce furent des avions plus conventionnels qui furent sélectionnés (Convair B-36 Peacemaker et Boing B-47 Stratojet). Les 11 prototypes restants passèrent donc aux oubliettes et finirent également à la ferraille entre 1949 et 1953. Par contre, par hasard, au cours des essais, la furtivité de ce type d’aérodynamisme fut découverte. En effet, au retour de chaque vol expérimental, les radars des bases aériennes peinaient à détecter les XB-49. Il fallut donc attendre ainsi presque 30 ans pour que cette idée ressorte des tiroirs de Northrop. Durant les premières années de la guerre froide, les soviétiques avaient en effet mis en place une redoutable défense aérienne de leur territoire et il paraissait quasiment impossible qu’un appareil classique puisse s’insinuer dans ce maillage. Les americains devaient donc concevoir un bombardier à faible signature radar, et en 1978 le principe de l’aile volante s’imposa. Etant donné leur coût pharaonique, ils ont été produits en bien moins grand nombre qu’initialement prévu. Et s’il est possible d’effectuer des vols en avion de chasse sur des modèles plus classiques (Fouga Magister, Rafale, etc.), il n’est (et ne sera) malheureusement pas possible pour un civil d’effectuer un vol à bord de l’un d’eux. Pour en savoir davantage sur le vol en avion de chasse, suivez le lien vers le spécialiste du genre.